Publié :vendredi 14 décembre 2012
Par EDVAC
Maroc : Décès d’Abdessalam Yassine
Abdessalam Yassine, fondateur du mouvement politico-religieux d’Al Adl wal Ihsan (Justice et bienfaisance), est décédé jeudi à l’aube à Salé, à l’âge de 84 ans.
Les rumeurs le donnaient mort depuis déjà trois jours, mais plusieurs proches et sympathisants avaient infirmé l’information.
Né en 1928 dans une famille humble, Yassine a grandi dans une ambiance paysanne, loin des turbulences politiques qui secouent les grandes villes du Royaume. Il a fréquenté l’école coranique avant de poursuivre, à 15 ans, sa scolarité à l’Institut de Ben Youssef à Marrakech, d’où sont issues quelques grandes figures de la résistance anticoloniale tels qu’Abdallah Ibrahim, Mohamed Basri, Abdeslam Jebli ou Mohamed Ben Saïd.
Il y reste 4 ans et en sort, en 1949, avec le titre d’instituteur. Il part alors à El Jadida où il enseigne la langue arabe à l’école des fils de notables. Politiquement, son engagement est quasi nul. La déposition et l’exil de Mohammed V, suivis de l’intronisation de Ben Arafa, ne l’affectent guère. Alors que beaucoup de jeunes nationalistes, y compris dans le rang des enseignants, boudent l’école, multiplient les gestes de colère ou rejoignent tout simplement la résistance regroupée autour de l’Istiqlal, Yassine ne prend ni de près, ni de loin part au combat nationaliste. En tout cas, la biographie en forme d’hagiographie diffusée par ses adeptes n’en porte aucune trace. Après l’indépendance, il fait carrière dans l’éducation nationale. Il a été successivement nommé instituteur, professeur d’arabe, inspecteur de l’enseignement puis directeur du Centre de formation des inspecteurs. Expert pédagogique auprès du ministère, il a multiplié les séjours en Algérie, en Tunisie et en Afrique subsaharienne, ainsi qu’en France et aux Etats-Unis.
Yassine fait logiquement partie de l’élite du ministère de l’Education nationale. Il rédige et supervise, en compagnie d’autres cadres du département, une bonne partie des programmes de l’enseignement primaire. Toujours rasé, bien habillé, il portait le nœud papillon, roulait dans de belles voitures et faisait montre d’une très grande ambition et de beaucoup d’audace. Ce n’est qu’au milieu des années 60 que son parcours a commencé à basculer. S’étant converti au soufisme, il fréquentera la confrérie Bouchichiya avant de s’en éloigner. Mais à mesure qu’il plongeait dans le mysticisme, il se retranchait sur lui-même. Adieu l’homme ouvert, plutôt bon vivant des années 50, c’est désormais un homme renfermé sur lui-même, qui parle bas, se dit de plus en plus « malade » et finira, carrément, par claquer la porte du ministère de l’Education nationale, peu après sa promotion. Il dédiera dès lors sa vie au soufisme, plus tard à une certaine forme de pratique politique”.
Vers la fin de 1973, celui qu’on appellera désormais le cheikh prépare son acte de naissance politique: “Al-Islam aw Attoufane (l’Islam ou le déluge)” voit le jour une année plus tard et le mènera vers la prison et l’aile psychiatrique.
Ayant recouvré la liberté en 1978, il reste interdit de prêche mais il est autorisé à publier une revue et quelques livres. Le premier s’intitule : L’Islam entre prédication et Etat. Le titre de son œuvre principale sonne comme un programme que son mouvement s’efforcera de réaliser. En 1981, le cheikh crée la Famille de la Jamaa, embryon de ce qui deviendra, un an plus tard, Jamaa Al Adl wal Ihsane.
Depuis lors, le cheikh s’est complu dans les visions.
Lui disparu que va devenir Al Adl wal Ihsan ? Sa fonction de guide le rend, en cas de malheur, irremplaçable. Pour lui succéder, Mohamed Abbadi, dont les démêlés avec les autorités ont accru la popularité, semble le mieux placé, mais on assistera probablement à une période d’incertitude, ne serait-ce qu’en raison des disparités entre les branches mystique et politique du mouvement.
Les rumeurs le donnaient mort depuis déjà trois jours, mais plusieurs proches et sympathisants avaient infirmé l’information.
Né en 1928 dans une famille humble, Yassine a grandi dans une ambiance paysanne, loin des turbulences politiques qui secouent les grandes villes du Royaume. Il a fréquenté l’école coranique avant de poursuivre, à 15 ans, sa scolarité à l’Institut de Ben Youssef à Marrakech, d’où sont issues quelques grandes figures de la résistance anticoloniale tels qu’Abdallah Ibrahim, Mohamed Basri, Abdeslam Jebli ou Mohamed Ben Saïd.
Il y reste 4 ans et en sort, en 1949, avec le titre d’instituteur. Il part alors à El Jadida où il enseigne la langue arabe à l’école des fils de notables. Politiquement, son engagement est quasi nul. La déposition et l’exil de Mohammed V, suivis de l’intronisation de Ben Arafa, ne l’affectent guère. Alors que beaucoup de jeunes nationalistes, y compris dans le rang des enseignants, boudent l’école, multiplient les gestes de colère ou rejoignent tout simplement la résistance regroupée autour de l’Istiqlal, Yassine ne prend ni de près, ni de loin part au combat nationaliste. En tout cas, la biographie en forme d’hagiographie diffusée par ses adeptes n’en porte aucune trace. Après l’indépendance, il fait carrière dans l’éducation nationale. Il a été successivement nommé instituteur, professeur d’arabe, inspecteur de l’enseignement puis directeur du Centre de formation des inspecteurs. Expert pédagogique auprès du ministère, il a multiplié les séjours en Algérie, en Tunisie et en Afrique subsaharienne, ainsi qu’en France et aux Etats-Unis.
Yassine fait logiquement partie de l’élite du ministère de l’Education nationale. Il rédige et supervise, en compagnie d’autres cadres du département, une bonne partie des programmes de l’enseignement primaire. Toujours rasé, bien habillé, il portait le nœud papillon, roulait dans de belles voitures et faisait montre d’une très grande ambition et de beaucoup d’audace. Ce n’est qu’au milieu des années 60 que son parcours a commencé à basculer. S’étant converti au soufisme, il fréquentera la confrérie Bouchichiya avant de s’en éloigner. Mais à mesure qu’il plongeait dans le mysticisme, il se retranchait sur lui-même. Adieu l’homme ouvert, plutôt bon vivant des années 50, c’est désormais un homme renfermé sur lui-même, qui parle bas, se dit de plus en plus « malade » et finira, carrément, par claquer la porte du ministère de l’Education nationale, peu après sa promotion. Il dédiera dès lors sa vie au soufisme, plus tard à une certaine forme de pratique politique”.
Vers la fin de 1973, celui qu’on appellera désormais le cheikh prépare son acte de naissance politique: “Al-Islam aw Attoufane (l’Islam ou le déluge)” voit le jour une année plus tard et le mènera vers la prison et l’aile psychiatrique.
Ayant recouvré la liberté en 1978, il reste interdit de prêche mais il est autorisé à publier une revue et quelques livres. Le premier s’intitule : L’Islam entre prédication et Etat. Le titre de son œuvre principale sonne comme un programme que son mouvement s’efforcera de réaliser. En 1981, le cheikh crée la Famille de la Jamaa, embryon de ce qui deviendra, un an plus tard, Jamaa Al Adl wal Ihsane.
Depuis lors, le cheikh s’est complu dans les visions.
Lui disparu que va devenir Al Adl wal Ihsan ? Sa fonction de guide le rend, en cas de malheur, irremplaçable. Pour lui succéder, Mohamed Abbadi, dont les démêlés avec les autorités ont accru la popularité, semble le mieux placé, mais on assistera probablement à une période d’incertitude, ne serait-ce qu’en raison des disparités entre les branches mystique et politique du mouvement.