Publié :mardi 11 décembre 2012
Par EDVAC
Débats du développement durable:La ville, clé de la survie de la planète
L'avenir de la planète se joue en grande partie dans les villes, au plus près des territoires, là où les maires et les citoyens ont de réels moyens d'action pour luttercontre le réchauffement. Depuis vingt ans, les Etats - et le nouvel échec enregistré à Doha (Qatar), samedi 8 décembre, le prouve une fois de plus - ne parviennent pas à trouver un accord entre eux, riches et pauvres, industrialisés ou émergents, pour lancer la bataille de l'environnement.
Il faut donc quitter les sphères des grandes conférences internationales, se saisird'une loupe et regarder ailleurs, là où ça bouge. Là où il y a un "plan climat près de chez moi", pour reprendre l'expression d'une fédération d'ONG, Réseau ActionClimat. De Boulder (Etats-Unis) à Curitiba (Brésil), en passant par Vancouver, Amsterdam, Bordeaux, Barcelone ou Malmö, les exemples sont légion de ces cités qui rénovent, s'aèrent et transportent plus propre.
Aujourd'hui, une personne sur deux vit en ville. Et chaque année, le nombre de ces citadins augmente de 60 millions. Il atteindra 6,3 milliards en 2050, soit 70 % de lapopulation mondiale. Les villes sont déjà responsables de 80 % des émissions de CO2 et consomment à elles seules 75 % de l'énergie mondiale. Partout, l'artificialisation des terres menace la biodiversité. Au Sud, les cités se gonflent de bidonvilles ; au Nord, elles refoulent les populations modestes et les classes moyennes, incapables de faire face à la flambée des prix de l'immobilier.
RÉINTÉGRER L'AGRICULTURE
Les villages, les agglomérations, les métropoles doivent développer des façons de se déplacer plus respectueuses de l'environnement afin de damer le pion à la circulation automobile, principal facteur de pollution urbaine. La mauvaise qualité de l'air menace ou écourte chaque année en France - pour ne prendre que cet exemple - la vie de 40 000 personnes.
Il faut aussi construire des bâtiments à énergie positive, qui produisent plus d'énergie qu'ils n'en consomment, et rénover les vieux immeubles, souvent de véritables passoires thermiques.
De même, il semble utile de réintégrer l'agriculture urbaine, qui permettrait denourrir les plus démunis, tout en privilégiant les circuits courts de distribution dans les cités les plus riches.
Le chantier est immense, bien sûr. Mais ce qui a déjà été entrepris partout dans le monde permet d'espérer (un peu) que désastre écologique n'ira pas de pair avec urbanisation. Et ce même si les effets majeurs du réchauffement sont déjà à l'oeuvre : canicules, inondations, réduction des calottes de glace, fonte de la banquise, événements extrêmes... L'ouragan Sandy, qui a frappé, le 29 octobre, la côte est des Etats-Unis, a montré aux Américains, réputés pour leur climato-scepticisme, que leur pays ne serait pas épargné : aujourd'hui, même New York, la Big Apple, se sait menacée par la hausse du niveau des océans.
"UN SYSTÈME OUVERT"
Il faut agir donc, et vite. Alors, pourquoi ne pas se mettre à rêver à de nouvelles villes qui "fassent société", pour reprendre la belle expression du sociologue et urbaniste Alain Bourdin. L'homme pose bien la question du "développement durable" : "Le mot durable évoque ce qui reste stable, presque immuable, alors qu'il s'agit de penser la dynamique d'un système ouvert...", écrit-il dans De la ville nouvelle à la ville durable, un recueil de contributions sur Marne-la-Vallée (Parenthèses, 2012).
C'est ce pari sur l'avenir qui a conduit Le Monde et McDonald's, en partenariat avec la chaire de développement durable de Sciences Po et Mines Paris Tech, àlancer, mardi 11 décembre, la première édition des "Débats du développement durable". Un espace où chercheurs, élus, entreprises, ONG, responsables politiques et citoyens pourront échanger leurs réflexions sur une indispensable transition écologique.